Un défaut de paiement de la Russie aurait « un effet direct sur le reste du monde plutôt limité », a estimé mardi Gita Gopinath, la numéro 2 du Fonds monétaire international (FMI).
Quel serait l’impact d’un défaut de paiement de la Russie ? Selon Gita Gopinath, la numéro 2 du Fonds monétaire international (FMI), l’effet direct sur le reste de la planète serait plutôt limité », dans la mesure où les montants des échéances de paiements que doit honorer Moscou « sont relativement faibles à l’échelle mondiale ».
« Cela ne représente pas un risque systémique pour l’économie mondiale », a-t-elle indiqué, tout en soulignant que certaines banques ayant une exposition plus grande pourraient toutefois être affectées plus durement.
Pour l’heure, en dépit de lourdes sanctions contre Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie s’est acquittée de ses dettes. JPMorgan a ainsi reçu un versement de 66 millions de dollars de la part de la banque centrale russe destiné à payer une tranche d’intérêts liés à des obligations.
Conséquences importantes de la guerre
Pour autant, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva s’attend à des conséquences importantes de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale. Le 5 mars, l’institution avait indiqué qu’outre le conflit lui-même, les sanctions occidentales imposées à la Russie « auront aussi un impact substantiel sur l’économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d’autres pays », avait averti le FMI, ajoutant même qu’elles pourraient être « dévastatrices » en cas d’escalade du conflit.
Outre le FMI, d’autres grandes organisations économiques internationales telles que la BERD et la Banque mondiale ont récemment averti des « vastes » conséquences de l’invasion russe en Ukraine pour l’économie mondiale. Dans un communiqué commun publié vendredi dernier, elles se disent « horrifiées et profondément inquiètes », et indiquent s’être réunies jeudi pour discuter de son impact et de la réponse collective au conflit.
Les organisations signataires, qui comprennent aussi la Banque européenne d’investissement (BEI), soulignent qu’en plus « de la dévastatrice catastrophe humanitaire en Ukraine, la guerre perturbe les moyens de subsistance dans la région et au-delà ».
Elle réduit l’approvisionnement en énergie, en nourriture, augmente les prix, « nuira à la reprise post-pandémie planétaire ». Les marchés financiers aussi seront touchés avec une incertitude qui va se répercuter sur les prix des actifs, resserrer les conditions financières, et pourrait même « engendrer des flux de capitaux hors des marchés émergents ».
La guerre va conduire le FMI à réviser à la baisse ses prévisions et ce, plus fortement qu’il ne l’avait fait en janvier (-0,5 point à 4,4%). L’économie mondiale devrait rester « en territoire positif » mais un certain nombre de pays, à commencer par la Russie et l’Ukraine ainsi que les pays voisins directement affectés par le conflit seront en récession, a indiqué Kristalina Georgieva.
La grande menace de l’inflation
D’une manière plus générale, « l’impact très inquiétant est l’inflation », a-t-elle poursuivi. Le FMI s’attendait à ce que la pression sur les prix diminue au cours de l’année. Or, elle s’accentue.
Le conflit en Ukraine est aussi en train de faire évoluer le commerce international, a observé de son côté Gita Gopinath.
« Le commerce de l’énergie ne sera plus jamais le même après la guerre en Ukraine », a-t-elle souligné alors que les pays s’efforcent de couper leur dépendance à la Russie au profit notamment des Etats-Unis.
Par la rédaction