Vente de diamants : le géant De Beers sous pression au Botswana

Partenaire à part égale de l’Etat dans la vente des diamants botswanais, De Beers pourrait voir son influence sur ce marché s’amenuiser. Et pour cause, ce pays deuxième producteur mondial de diamant veut en commercialiser davantage en dehors du circuit du géant anglo-américain. Ce serait la fin d’un système vieux de plusieurs décennies.

Le contrat de vente de diamants qui lie De Beers à l’État botswanais expire en juin prochain et les négociations s’accélèrent à mesure qu’approche l’échéance. Le sujet était d’ailleurs au cœur des échanges, le 10 mars, entre le nouveau CEO du géant minier anglo-américain, Al Cook et le président Mokgweetsi Masisi à la State House de Gaborone. Alors que les pourparlers visent à redéfinir les contours de cette coopération, « le Botswana n’abandonnera pas sa demande de vendre une plus grande part des diamants produits par sa joint-venture avec De Beers », a déclaré le président de la République à l’issue de cet entretien, rapporte Reuters.

Le Botswana est le deuxième producteur de diamants au monde derrière la Russie et de devant le Canada et l’Australie. Mais la découverte en 2021 d’un diamant de 1 174 carats l’a davantage poussé au-devant de la scène. Selon l’OCDE, « le Botswana produit les plus gros diamants gemmes au monde, avec une production qui représente environ 40% de la production mondiale ». L’exploitation de ce minéral y est donc très importante pour l’économie nationale. Le secteur minier contribue à plus de 35% du PIB et les diamants pèsent pour 90% dans cette contribution selon les données officielles.

Debswana, la co-entreprise détenue à part égale par De Beers et l’Etat a été créée en 1969. L’entité commercialise 75% des diamants produits dans le pays, soit 24 millions de carats en 2022. Les 15% restants sont commercialisés par Okavango Diamond Company (ODC), une entreprise publique créée en 2011 suite à la renégociation de l’accord nouée par Gaborone avec De Beers. C’est dire l’influence de la compagnie anglo-américaine dans l’industrie diamantaire du Botswana. Une influence qui, cependant, pourrait s’amenuiser en raison des orientations du pays.

Derrière la volonté de l’Etat d’accroître son pourcentage dans la joint-venture détenue avec De Beers, il y a surtout les appels incessants des Botswanais à mieux tirer parti de leur richesse en diamants. Et si le gouvernement arrive à redéfinir -tel que souhaité- les clauses de son accord avec le géant anglo-américain, il mettrait ainsi un terme à un système commercial qui aura prévalu pendant de longues décennies.

Par la rédaction

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