C’est une image à forte teneur symbolique : le roi Mohammed VI, accompagné du président gabonais Ali Bongo Ondimba, a procédé à la remise d’un don d’engrais de 2 000 tonnes à la République gabonaise, ce mercredi 15 février. Une initiative qui traduit la vision du souverain chérifien en faveur du développement en Afrique. Revue de détail.
Pour sa première visite officielle de l’année en cours, le roi du Maroc s’est rendu au Palais Présidentiel à Libreville, ce mercredi 15 février, pour rencontrer le président gabonais. L’état du partenariat bilatéral a fait l’objet d’un entretien entre les deux chefs d’État. Preuve de l’importance de la visite, Mohammed VI n’est pas venu seul. Le monarque était accompagné de son ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, pour remettre au Gabon un don de 2 000 tonnes de fertilisants.
Un exemple de coopération interafricaine
Ces engrais « made in Morocco », adaptés au sol et aux cultures gabonaises ont été produits par le groupe marocain OCP, un des pionniers mondiaux dans ce domaine. L’opération devrait permettre aux agriculteurs gabonais d’avoir accès à des fertilisants de qualité.
La visite de Mohammed VI, marquée par cette action de solidarité envers les agriculteurs gabonais, est symbolique à plus d’un niveau. Il faut rappeler que la consommation moyenne d’engrais en Afrique n’est que de 8 kilos d’éléments nutritifs par hectare, ce qui correspond seulement à 10 % de la moyenne mondiale, alors que les membres de l’Union africaine s’étaient engagés à augmenter le niveau d’utilisation d’engrais de la moyenne annuelle actuelle à au moins 50 kilos d’éléments nutritifs par hectare. Ce don constitue de ce fait un pas en avant vers la mise en œuvre de la déclaration d’Abuja sur les engrais en faveur de la révolution verte africaine.
A l’heure où le monde est confronté à l’urgence de la crise alimentaire, ce don illustre l’engagement ferme de Mohammed VI à contribuer en Afrique à la réalisation des deux premiers objectifs onusiens du développement durable, portant sur l’éradication de la pauvreté et la lutte contre la faim.
Par ailleurs, ce geste royal témoigne de la profondeur des liens stratégiques, liant le royaume chérifien à la République gabonaise. Il faut savoir que le Maroc est l’un des investisseurs majeurs au Gabon. Certains médias marocains se font écho d’un montant total des investissements estimé à 600 millions de dollars, ce qui constitue un exemple en matière de coopération interafricaine.
Des relations plus solides que jamais
Cette initiative royale n’est que le prolongement d’un partenariat stratégique entre Rabat et Libreville. Au-delà des relations de coopération diplomatique, économique et militaire, les liens entre les deux pays remontent loin dans l’histoire. Feu le roi Hassan II entretenait déjà des relations d’amitié avec l’ancien président feu El Hadj Omar Bongo Ondimba. Aussi, le président gabonais actuel et le roi Mohammed VI entretiennent des liens particuliers d’amitié.
Sur le plan économique, les deux pays sont liés par des accords signés lors des visites royales au Gabon en mars 2014 et en juin 2015. Les échanges commerciaux entre le Maroc et le Gabon restent toutefois relativement limités. En 2019, les exportations marocaines vers le Gabon se sont élevées à environ 77 millions de dollars, tandis que les importations marocaines depuis le Gabon se sont élevées à environ 9 millions de dollars.
Plus récemment, les deux parties ont affiché leur volonté de renforcer leur coopération, notamment lors d’un entretien entre le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita et son homologue gabonais, feu Michaël Moussa-Adamo. Les deux Parties avaient ainsi souligné la nécessité de « redynamiser le Conseil d’affaires maroco-gabonais et d’organiser un Forum économique en vue de participer à la diversification de l’économie gabonaise », indique le communiqué de la diplomatie marocaine, le 8 juin 2022, en marge des travaux de la Conférence ministérielle des États africains atlantiques.
A noter que le Gabon a toujours soutenu les candidatures marocaines aux différentes organisations et instances internationales, dont celles au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (2022-2025) et au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (2028-2029). L’ouverture d’un consulat général du Gabon à Laâyoune en janvier 2020 témoigne aussi du ralliement de ce pays d’Afrique Centrale à la position marocaine au sujet du Sahara. C’est dire toute la relation privilégiée entre les deux pays africains.
Par la Tribune