Ferrovial va vendre les 25% lui restant dans l’aéroport londonien d’Heathrow au fonds d’investissement français Ardian et au Fonds public d’investissement saoudien (FIP), pour un montant total de 2,7 milliards d’euros. Cette opération met fin à 17 ans d’aventure commune pour FGP Topco, maison-mère de l’aéroport et géant du BTP espagnol.
Gros coup pour Ardian. Le fonds d’investissement français présidé par Dominique Senequier et le fond public d’investissement saoudien (FIP) vont racheter les 25% restant que Ferrovial détient dans l’aéroport de Londres-Heathrow. Dans le détail, Ardian va racheter 15% de FGP Topco, maison-mère de l’aéroport londonien et FIP 10%. Le tout pour un montant total de 2,7 milliards d’euros.
Cette opération, qui reste toutefois soumise au feu vert des autorités boursières, met fin à 17 ans d’aventure commune pour FGP Topco et Ferrovial, entré au capital de la société gérant l’aéroport d’Heathrow à l’occasion d’une offre publique d’achat en 2006. Ferrovial, présent dans la construction, l’immobilier et la gestion d’infrastructures, détenait à l’origine 56% d’Heathrow, mais avait déjà diminué sa participation à plusieurs reprises ces dernières années. En 2012, le groupe de construction espagnol avait ainsi cédé une part de 10,62% à Qatar Holding pour 607 millions d’euros, puis une seconde de 5,72% au chinois CIC International pour 319,3 millions d’euros. Cette nouvelle cession sonne la fin de sa participation dans Londres Heathrow, l’un des plus grands aéroports européens, mais Ferrovial assure qu’il restera dans le secteur aéroportuaire. Le groupe détient encore une participation de 50% dans les aéroports d’Aberdeen, Glasgow et Southampton au Royaume-Uni, ainsi qu’une participation de 60% dans l’aéroport de Dalaman en Turquie et de 49% dans le nouveau terminal 1 de l’aéroport JFK à New York.
Ardian gère plus de 155 milliards de dollars d’actifs dans le monde
La cession annoncée par Ferrovial permet au fonds saoudien FIP de faire un pas de plus dans les infrastructures stratégiques européennes. Il permet également à Ardian d’élargir son vaste portefeuille d’actifs. Le plus gros fonds d’investissement français, créé en 1996, n’a eu de cesse de croître ces dernières années sur un marché très concurrentiel. Il gère désormais plus de 155 milliards de dollars d’actifs dans le monde pour quelque 1.470 clients, notamment aux Etats-Unis.
« En Europe, nous jouons dans la même cour que les très grandes sociétés d’investissement et nous sommes devant elles », soulignait la présidente et fondatrice d’Ardian Dominique Senequier, dans un entretien accordé à l’AFP en juin dernier. Aux États-Unis, ce n’est pas forcément un handicap d’être européens. D’abord nos concurrents sont plus gros en volumes et peuvent acheter des entreprises de taille beaucoup plus grandes que nous. Nous ne sommes pas concurrents, mais complémentaires. Concernant les entreprises de plus petite taille, entre un et trois milliards de dollars [de valorisation], notre approche est intéressante car ces entrepreneurs américains sont assez contents de travailler avec nous, et que nous leur expliquions les différences culturelles avec l’Europe qu’ils comprennent quelquefois moins bien ». Elle soulignait aussi la montée en puissance des investisseurs venus du Moyen-Orient « qui représentent pour nous 25 milliards des 150 milliards d’euros que nous gérons ». Ardian a ainsi ouvert un bureau en début d’année à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis, son premier au Moyen-Orient.
Ardian a renforcé sa gouvernance pour accompagner sa forte croissance
Pour accompagner ce « contexte de forte croissance et de développement sur de nouvelles expertises dans le monde ». Ardian a renforcé mi-septembre sa gouvernance, avec la création d’un poste de directeur général et de trois postes de directeurs généraux délégués autour de la présidente, âgée de 70 ans. Dominique Senequier s’appuyait jusqu’à présent sur un comité exécutif (Comex) constitué de sept personnes.
La direction générale est assurée par Mark Benedetti. Trois directeurs généraux ont également été désignés, Mathias Burghardt, Vladimir Colas et Jan Philipp Schmitz, tandis que Nicolo Saidelli a été nommé conseiller auprès de Dominique Senequier pour la stratégie et les acquisitions. Tous les quatre faisaient déjà partie du Comex. La discrète mais puissante patronne – classée 88e au classement Forbes 2022 des femmes les plus influentes du monde – avait aussi indiqué à l’AFP « souhaiter rester tant qu'[elle est] en bonne santé, tout en étant de moins en moins impliquée dans le quotidien bien évidemment ». La transition vers un successeur – « forcément en interne » – sera « progressive », avait-elle assuré.
(Avec AFP) Source La Tribune