Alors que les forces russes se sont emparées de leur première grande ville, Kherson, peu avant une deuxième session de discussions jeudi matin sur un cessez-le-feu entre négociateurs russes et ukrainiens, la Banque mondiale a annoncé mercredi soir suspendre immédiatement tous ses programmes non seulement en Russie mais aussi en Biélorussie.
La Maison Blanche a, en effet, annoncé dans un communiqué de nouvelles sanctions économiques « dévastatrices » contre la Biélorussie et l’industrie de défense russe, tandis que les Vingt-Sept ont également annoncé tout un train de nouvelles mesures contre le régime de Minsk, accusé d’avoir permis à Moscou d’utiliser son territoire pour l’invasion de l’Ukraine.
Après la Russie, les sanctions pleuvent sur son pays ami, la Biélorussie accusée d’avoir permis à Moscou d’utiliser son territoire pour l’invasion de l’Ukraine. Alors que les forces russes se sont emparées de leur première grande ville, Kherson, peu avant une deuxième session de discussions jeudi matin sur un cessez-le-feu entre négociateurs russes et ukrainiens, la Banque mondiale a annoncé mercredi soir suspendre immédiatement tous ses programmes non seulement en Russie mais aussi en Biélorussie. L’impact le plus important concerne la Biélorussie où la Banque mondiale s’était engagée dans 11 projets totalisant 1,15 milliard de dollars, bien plus qu’en Russie où elle menait 4 projets représentant 370 millions.
Dans un communiqué, la Banque mondiale a rappelé qu’elle n’avait approuvé aucun nouveau prêt ou investissement à la Russie depuis 2014, lorsque Moscou a annexé la Crimée. L’organisation internationale a ajouté n’avoir approuvé aucun nouveau prêt à la Biélorussie depuis la mi-2020, lorsque les Etats-Unis ont imposé des sanctions après une élection présidentielle contestée. Mardi, la Banque mondiale avait indiqué qu’elle préparait une aide d’urgence de trois milliards de dollars en faveur de l’Ukraine dont au moins 350 millions pourraient être débloqués dès cette semaine. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) envisage aussi une aide supplémentaire à Kiev en plus des 2,2 milliards de dollars qui doivent être débloqués d’ici la fin du mois de juin.
« Des sanctions dévastatrices » pour Washington
La décision de la Banque mondiale intervient après l’annonce de lourdes sanctions de Washington et de Bruxelles à l’encontre de la Biélorussie. La Maison Blanche a, en effet, annoncé dans un communiqué de nouvelles sanctions économiques « dévastatrices » contre la Biélorussie et l’industrie de défense russe. Les Etats-Unis vont imposer à Minsk les mêmes « dures mesures de contrôle des exportations » déjà infligées à la Russie, a détaillé l’exécutif américain. En clair, Washington va selon le ministère du Commerce imposer une « interdiction presque totale » de vendre des équipements à l’armée biélorusse. Cela doit éviter que Moscou ne contourne les sanctions qui visent la Russie en faisant transiter de l’armement ou des équipements de défense par la Biélorussie, explique la Maison Blanche.
L’exécutif américain, qui ne laisse quasiment pas passer une journée sans annoncer de nouvelles sanctions, a aussi décidé de viser l’industrie de la défense russe. Washington a en particulier identifié « 22 entités russes » du complexe militaro-industriel du pays, fabriquant des avions, des véhicules d’infanterie, des missiles et des drones. Leurs avoirs aux Etats-Unis seront gelés et elles seront bannies de toutes transactions avec des entreprises ou personnes américaines.
Washington a par ailleurs décidé d’interrompre les exportations vers la Russie d’équipements et de technologie nécessaires à l’industrie pétrolière, une manière de s’en prendre à la principale source de revenus du régime de Vladimir Poutine.
Bruxelles durcit le ton
La Maison Blanche a souligné que toutes ses sanctions étaient prises, comme c’est le cas depuis le début de l’invasion de la Russie, en étroite coordination avec les alliés de l’Amérique. Plus tôt dans la journée de mercredi, l’Union européenne a elle aussi durci le ton contre la Biélorussie. Alors que les sanctions déjà annoncées frappent déjà 183 responsables, dont le président Alexandre Loukachenko, et 26 sociétés ou entités, les Vingt-Sept ont décidé d’ajouter 22 personnes (6 généraux et 16 colonels de l’armée bélarusse) à cette liste des personnes et entités faisant l’objet de mesures restrictives –gel des avoirs et interdiction de voyager dans l’UE–, selon le texte publié mercredi au Journal officiel de l’UE, qui précise leurs noms et fonctions.
L’UE va également cesser ses importations de bois, de ciment, d’acier, de fer et de produits en caoutchouc (pneus…) provenant du Bélarus, ainsi que les exportations vers l’ex-république soviétique d’équipements liés à l’industrie du tabac et de biens à double usage (militaire et civil).
Désormais, les sanctions européennes couvriront 70% des exportations bélarusses vers l’UE, selon une source européenne.
Pour rappel, la Biélorussie est déjà sous sanctions de l’UE pour la répression de son opposition et le détournement d’un avion européen en juin 2021 afin d’arrêter un dissident et pour avoir organisé un afflux de migrants du Moyen-Orient aux frontières de l’UE depuis son territoire. Après le détournement d’un avion de Ryanair, l’UE avait déjà ciblé des secteurs économiques comme celui de la potasse, restreint la vente au Bélarus de technologies sensibles dans le domaine des télécommunications, et interdit l’espace aérien européen aux compagnies bélarusses.