L’inflation dans l’Hexagone a encore accéléré à 5,8% sur un an en juin, a indiqué mercredi l’Insee, confirmant sa première estimation publiée fin juin. Conséquence, cette hausse va entraîner une nouvelle revalorisation du Smic de 2,01% au 1er août. Autre conséquence possible : les taux du Livret A et du Livret d’épargne populaire pourrait doubler.
La courbe de la hausse des prix poursuit sa course folle en France. Après un nouveau record battu en mai à 5,2%, l’inflation dans l’Hexagone a encore accéléré à 5,8% sur un an en juin, a indiqué mercredi l’Insee, confirmant sa première estimation publiée fin juin. Conséquence automatique, cette hausse va entraîner une nouvelle revalorisation du salaire minimum de 2,01% au 1er août, comme l’avait également anticipé l’Institut national de la statistique.
Cette nouvelle hausse du salaire minimum est la quatrième en moins d’un an. Le Smic a déjà augmenté de 2,65% le 1er mai, en plus de la revalorisation annuelle du 1er janvier. Pour un temps plein, le Smic mensuel (qui est aujourd’hui de 1.645,58 euros brut et 1.302,64 euros net mensuel) devrait ainsi augmenter d’environ 26 euros net pour atteindre environ 1.328 euros. Généralement, en plus de la revalorisation annuelle du 1er janvier, le Smic est en effet augmenté mécaniquement en cours d’année du montant de l’inflation pour les 20% des ménages ayant les revenus les plus faibles, si celui-ci dépasse 2% par rapport à la dernière hausse.
Dans le détail, la hausse des prix en juin a été tirée par la nouvelle accélération des prix de l’énergie (+33,1% sur un an après +27,8% en mai), de l’alimentation (+5,8% après +4,3%) et dans une moindre mesure des prix des services (+3,3% après +3,2%), détaille l’Insee. A l’inverse, les prix des produits manufacturés ont ralenti (+2,5% après +3%). L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) est elle restée stable sur un an à +3,7%, tandis que l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, s’affiche en hausse de 6,5% sur un an, après +5,8% en mai.
Doublement des taux du Livret A et du Livret d’épargne populaire ?
Le taux du Livret A est calculé automatiquemment deux fois par an en faisant la moyenne entre, d’une part, le taux d’inflation moyen des six derniers mois et, d’autre part, la moyenne des taux interbancaires, auxquels les banques s’échangent de l’argent à court terme. Si le gouverneur de la Banque de France applique à la lettre cette formule, sa décision s’impose. S’il souhaite y déroger, la décision est alors tranchée par le ministre de l’Economie. En février, la rémunération du livret A était déjà passée de 0,5% à 1%.
Dans ce contexte inflationniste, François Villeroy de Galhau a toutefois exclu un geste exceptionnel : « Comme l’application de la formule [qui prend notamment en compte l’inflation, ndlr] conduit à une hausse significative sur le Livret A (…), il n’y a pas, à nos yeux, de justification à faire un geste exceptionnel supplémentaire », a-t-il expliqué. « Ca sera nettement plus pour le Livret d’épargne populaire », accessible sous conditions de revenus, a précisé le gouvernement de la Banque de France. Le LEP suit en effet l’inflation est devrait donc passer de 2,2% à 4,5% au 1er août, selon les calculs de spécialistes.
Quelque 19 millions de Français peuvent avoir accès au Livret d’épargne populaire plafonné à 7.700 euros, mais près de la moitié d’entre eux n’en ont pas, a précisé le gouverneur de la Banque de France qui les a appelés à se saisir de cette solution d’épargne.
+7,6% en Allemagne
Irrémédiablement, la France semble donc se rapprocher des niveaux d’inflation atteints dans d’autres pays européens. Comme en Allemagne : +7,6% en juin sur un an. Selon les dernières données publiées mercredi par l’institut Destatis, ce taux a toutefois légèrement reculé grâce aux mesures de pouvoir d’achat décidées par le gouvernement dans le domaine des transports. Sans ces mesures, l’inflation Outre-Rhin aurait encore grimpé en juin pour atteindre 8,6% sur un an, a calculé l’office statistique.
Sur un mois, les prix y sont quasi stables, à 0,1%. Le gouvernement allemand a décidé des mesures temporaires à compter de juin pour alléger la facture énergétique des ménages. Cela vise un « rabais à la pompe » et le « ticket à 9 euros » par mois valable dans tous les transports publics, hors lignes à grande vitesse. Reste que les prix des produits énergétiques ont dans l’ensemble progressé de 38,0%, sensiblement autant qu’en mai, avec plus qu’un doublement des prix du fioul domestique (+108,5%) et une envolée des prix du gaz naturel (+60,7 %), toujours sur un an.
(Avec agences)