Gerald Maithya : «Nous souhaitons accompagner 10 000 startups durant les cinq prochaines années»

Installé depuis trois décennies en Afrique, Microsoft a redéfini sa « stratégie africaine » pour accompagner les startups à passer à l’échelle. Entre accès aux formations et aux levées de fonds, c’est depuis les locomotives anglophones que le géant américain pilote sa stratégie qui cible 10 000 startups africaines sur les cinq prochaines années. Entretien avec Gerald Maithya, responsable PME et startups au sein du Bureau de transformation de l’Afrique de Microsoft.

Que venez-vous chercher sur le salon dubaïote GITEX ? (Entretien réalisé le 11 octobre).

Gerald Maithya : Nous essayons d’offrir une plateforme aux startups africaines afin qu’elles puissent rencontrer les investisseurs et présenter leurs innovations pour l’Afrique, mais aussi pour le reste du monde et GITEX représente une plateforme particulièrement intéressante à ce niveau. Nous sommes d’ailleurs venus avec une dizaine de startups, principalement dans la Fintech, mais aussi dans l’EdTech, l’healTech et l’AgriTech : Synapse, Praxilabs, Subsbase, Q-Hop, BancX, Terragon, Omnibiz, Afya Rekod, BuuPass et Popote.

A ce jour, que représente l’Afrique dans la stratégie globale de Microsoft ?

Nous sommes présents depuis déjà 30 ans sur le continent africain. L’année dernière, nous avons développé le programme ATO, l’ Africa Transformation Office, qui fait suite à Microsoft for Africa, pour renforcer l’investissement dans la transformation numérique sur le continent. Ce programme s’intéresse en particulier aux infrastructures numériques, au renforcement des compétences, aux PME, aux startups, mais aussi aux partenariats stratégiques.

Les PME et les startups africaines sont en croissance constante et représentent un véritable levier de développement pour l’Afrique. Nous avons ciblé 10 000 startups que nous souhaitons accompagner durant les cinq prochaines années. Pour ce faire, nous avons activé notre réseau et nous travaillons en étroite collaboration avec une quarantaine d’organisations implantées en Afrique comme Liquid Cloud et AGRA (…)

Nous développons des data-centers et nous travaillons aussi sur le développement du Cloud. Enfin, nous collaborons étroitement avec les organisations internationales comme la Banque africaine de développement, l’International Finance Corporation de la Banque mondiale ou encore Afreximbank, pour accompagner la transition digitale en Afrique. Toute cette stratégie globale est désormais conduite par l’Africa Transformation Office.

Quelle est votre stratégie pour pénétrer le marché africain, alors que l’achat d’une licence pour le panier moyen de la ménagère africaine reste prohibitif ?

Selon nos informations, il existe près de 140 millions de PME en Afrique dont une majorité basée en Egypte et au Nigéria. En moyenne, nous avons identifié 25 défis auxquels les PME sont confrontées, de la prise de commande à la gestion des stocks, en passant par les modalités de paiement. Microsoft propose des solutions pour chacun de ces problèmes. Nous définissons une stratégie sur le long terme, afin d’être en mesure de proposer des solutions de software à des prix compétitifs. Nous travaillons également avec les acteurs de la banque et des télécoms, car nous souhaitons accompagner les PME à accéder plus facilement aux financements. Nous cherchons les meilleures solutions aux meilleurs prix pour les PME africaines.

Quelle place occupe l’intelligence artificielle (IA) dans vos programmes destinés à l’Afrique ?

De nombreuses startups africaines investissent aujourd’hui dans l’IA. L’intelligence artificielle leur permet de trouver des solutions inédites à des problèmes concrets. On retrouve des défis dans chaque secteur d’activité auxquels l’IA peut répondre, qu’il s’agisse du secteur de la santé, de l’agriculture ou encore de l’éducation. Nous offrons aux startups africaines, la possibilité d’utiliser notre plateforme ainsi que nos outils AI pour développer leurs propres programmes.

Que recouvre FarmBeats : AI Edge & IoT for Agriculture-Microsoft Research, à destination des agriculteurs ?

Il s’agit d’une solution d’agriculture de précision qui s’appuie justement sur l’IA. Par le passé, plusieurs études ont démontré la nécessité d’augmenter la production alimentaire mondiale à l’horizon 2050. Néanmoins, la quantité limitée de terres arables et les niveaux d’eau disponibles étant à la baisse, nous avons élaboré cette solution pour optimiser la production agricole. Destinée aux agriculteurs, elle leur permet d’augmenter leur production tout en réduisant leurs coûts. Cette solution s’appuie sur la collecte des données venues du monde entier. Elle permet par exemple aux fermiers de calculer leurs besoins en eau ou en intrants. C’est un programme qui s’attache à l’environnement, mais aussi à la productivité agricole.

Dans quelle mesure le groupe Microsoft participe-t-il au renforcement des compétences africaines ?

Microsoft a ouvert les premiers centres de développement Afrique au Kenya et au Nigéria, pour accompagner les talents africains. Parallèlement, nous passons beaucoup de temps avec les étudiants dans les Universités pour accompagner leur montée en compétences. Nous prévoyons par ailleurs de développer nos Advance Technology Lab (laboratoires de technologique avancée, ndlr) en Egypte. Nous voulons que l’Afrique ne soit plus seulement consommatrice de technologies, mais qu’elle devienne productrice de technologies.

Que représente le Microsoft for Startups Founders Hub ?

C’est aussi un programme mondial qui s’intéresse aux startups africaines. Il donne un accès gratuit à la technologie, aux outils et au réseau du groupe. Il accompagne les entrepreneurs à chaque étape de leur développement pour consolider leur business model. Il offre aux startups, un accès gratuit aux outils et plateformes du groupe Microsoft.

Les startups sélectionnées sont éligibles à un programme de mentorat mondial, à travers notre réseau et bénéficient en outre, d’offres exclusives de nos partenaires. Elles peuvent recevoir des conseils d’experts techniques à n’importe quelle étape de la mise en œuvre de leur projet, ainsi que de formations organisées par la Microsoft for Startups Founders School. Enfin, le Founders Hub permet également aux startupers de vendre leurs produits aux entreprises clientes du groupe.

Quels sont les grands projets à venir sur le continent ?

Nous nous sommes fixé l’objectif ambitieux de soutenir 10 000 startups africaines dans les cinq prochaines années. En six mois, nous avons déjà atteint 1.000 startups. Récemment, nous avons accompagné une startup nigériane à lever 6 millions de dollars auprès de nos partenaires. Nous  travaillons également avec une startup sud-africaine, spécialisée dans le M-banking. L’Afrique du Sud représente le premier marché pour les startups africaines et nous préparons le lancement d’un vaste programme en décembre prochain à Cape Town.

Votre stratégie est orientée essentiellement vers les pays d’Afrique anglophone. Quid des projets développés par Microsoft dans les pays francophones ?

C’est en cours. Nous avons décidé de nous concentrer sur les marchés les plus importants pour commencer ce programme visant les 10.000 startups africaines : Egypte, Nigéria, Afrique du Sud, Kenya et Maroc. Cela étant, nous nous intéressons également à d’autres géographies et particulièrement à la Côte d’Ivoire et au Sénégal qui disposent d’un écosystème tech très dynamique sur lequel nous allons nous pencher au cours des six prochains mois.

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