L’UE investira 150 milliards d’euros sur le continent africain au cours des six prochaines années, soit 50% des fonds mobilisés dans le cadre de sa nouvelle stratégie d’investissement baptisée « Global Gateway ». Une sortie aux couleurs d’une offensive « made by Bruxelles », à la veille du Sommet UA – UE.
C’est à Dakar, au terme de sa visite de deux jours (les 9 et 10 février) que la présidente de la Commission de l’Union européenne (UE), Ursula von der Leyen, en a fait l’annonce. Bruxelles va investir 150 milliards d’euros en Afrique au cours des six prochaines années dans le cadre de Global Gateway, sa nouvelle stratégie d’investissement. Cette enveloppe sera déployée grâce aux apports notamment des institutions européennes et celles des pays membres, mais aussi du financement privé.
50% de Global Gateway en Afrique
Dévoilé le 1er décembre 2021, Global Gateway vise à mobiliser 300 milliards de dollars entre 2021 et 2027. Avec l’annonce de Dakar, 50% de ce programme d’investissement seront ainsi orientés vers le continent africain.
Avec ces fonds, l’UE entend contribuer notamment au développement des infrastructures (véritable urgence en Afrique), du numérique, de l’énergie, mais aussi de la santé et l’éducation. Des secteurs clés dans le contexte économique (axé sur la relance), sanitaire (en raison notamment de la pandémie de Covid-19) et démographique des pays africains. Dans le domaine du numérique, Ursula von der Leyen a fait comprendre que l’UE prévoit surtout de booster l’entrepreneuriat par les jeunes en finançant la création de startups à haut potentiel, afin de leur permettre de participer conséquemment à l’éradication du chômage par la création de l’emploi
A l’issue de sa rencontre avec le président Macky Sall du Sénégal, également président de l’Union africaine pour l’année 2022, la présidente de la Commission de l’UE soulignait :
« Nos deux Unions partagent une même vision : celle de créer un espace commun de stabilité et de prospérité. »
Sénégal et Maroc à l’honneur
Au Sénégal, l’UE a également passé un coup de neuf aux relations bilatérales avec un nouveau plan d’action annuel estimé à 103 millions d’euros, qui couvrira aussi bien le domaine économique, que social avec les mêmes thématiques liées notamment aux jeunes en général et les filles en particulier.
Avant son arrivée à Dakar, Ursula von der Leyen a fait une escale au Maroc, premier partenaire de l’UE en Afrique, où elle a rencontré le Premier ministre Aziz Akkanouch. Au Royaume chérifien, l’enveloppe allouée par l’UE aux investissements -encore plus fournie- est de 1,6 milliard d’euros, a-t-elle indiqué, appelant à un renforcement de cette coopération notamment dans le domaine des énergies vertes.
Face à la concurrence et au nouveau mindset africain
Ce déplacement d’Ursula von der Leyen en Afrique intervient à la veille du Sommet Union africaine – Union européenne qui aura lieu les 17 et 18 février prochain à Bruxelles. Pour plusieurs analystes, le Global Gateway de l’UE est une forme de réponse à la « Belt and Road Initiative » lancée par la Chine en 2013 et qui a déjà financé environ 1 000 milliards d’euros de projets d’infrastructures, mais essuyant un certain nombre de critiques notamment en termes de gouvernance des projets et d’impact industriel. Tout ceci au moment où une véritable guerre d’influence autour de l’Afrique est nourrie par ses partenaires historiques et les puissances émergentes, alors que certains pays du continent jouent également les cartes stratégiques de leur propre influence dans le concert des nations.
Pour von der Leyen, le rendez-vous de la semaine prochaine sera l’occasion pour l’UE et l’UA d’« établir les moyens concrets » de la nouvelle orientation voulue dans les relations entre ces deux régions du monde. Elle a d’ailleurs estimé que le leadership du président en exercice de l’UA sera « essentiel » en la matière.
Le président Macky Sall s’est, quant à lui, aligné au mindset ambiant sur le continent, appelant à « un partenariat rénové, modernisé et surtout orienté vers l’action » entre l’Afrique et l’Europe. A l’instar de toutes les relations bilatérales (commerciales, financières, diplomatiques…) du continent avec ses partenaires, les voix se multiplient en effet, appelant à des accords gagnant-gagnants, définitivement dans les faits.