La Guinée (toujours) dans l’attente des résultats définitifs de la présidentielle du 18 octobre

A campaign billboard of the Guinea President presidential candidate for the October elections, Alpha Conde, is seen diplayed in street in Conakry on September 29, 2020. (Photo by CELLOU BINANI / AFP)

Dans l’attente de la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle guinéenne, le pays tourne au ralenti. L’appel à manifester ce mardi 3 novembre du parti de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition et candidat de l’UDFG qui continue de revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle du 18 octobre, accentue un peu plus la pression sur la cour constitutionnelle et favorise le ralentissement des activités économiques depuis la tenue du scrutin. Conakry et certaines grandes villes du pays sont grandement paralysées, pendant que le plus grand centre d’affaires du pays est fermé.

Résolu à déployer tous les moyens pour prouver et « défendre sa victoire » face au président sortant Alpha Condé y compris légaux, l’opposant Cellou Dalein Diallo a déposé un recours ce week-end auprès de la Cour constitutionnelle « pour donner la chance à la légalité même si on ne se fait pas d’illusions », déclare-t-il en substance.

En gros, Cellou Dalein Diallo n’a pas dit son dernier mot en dépit de l’annonce de la réélection d’Alpha Condé par la CENI dès le premier tour. Dans son recours introduit auprès de la cour constitutionnelle, il interpelle l’institution afin qu’elle annonce les « vrais résultats » issus des urnes, demande « l’annulation des PV de centralisation des résultats des circonscriptions électorales de Kankan, Siguiri, Mandiana, Kérouané, Kouroussa et Faranah (qui sont des fiefs du président sortant) », la réintégration des PV des résultats des Bureaux de vote « illégalement » annulés ou écartés au niveau des CACV des circonscriptions électorales de N’Zérékoré, Matoto, Matam, Kaloum, Dixinn, Fria, Kindia, Boké, Dubreka et Boké.

Une véritable patate chaude pour la Cour constitutionnelle qui a finalement trois éventuelles alternatives: Fuir ses responsabilités et confirmer les chiffres de la CENI sans apporter plus d’éclairage (la CENI n’avait même pas donné en détail les résultats mentionnés sur les PV de centralisation) et du coup, enfoncer le pays dans la crise; accéder aux recours des candidats et prendre du temps pour statuer sur les irrégularités et se prononcer sur la base du droit en toute transparence, objectivité et impartialité, en faveur de l’un des candidats ou, si nécessaire, annuler le scrutin; et décider aussi de s’autocensurer, de se priver de son indépendance et prendre parti pour le président sortant en confirmant les chiffres pour aboutir aux mêmes résultats (ou presque) de la Ceni.

Dans l’une ou l’autre des scénarii, rien ne garantit la paix au vu de la radicalisation des positions et la volonté surtout pour les clans et groupes d’intérêts qui gravitent autour du pouvoir Condé de continuer à profiter des richesses du pays. Toutefois, en jouant son rôle, en faisant preuve de patriotisme et disant le droit de manière totalement désintéressée, la Cour constitutionnelle guinéenne aura pour une fois été au rendez-vous de l’histoire et permettra d’opérer un déclic dans l’avenir démocratique de la Guinée.

Par Mamadou Diallo

Challenges Radio

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