Le pays est-africain importe annuellement autour de 100 millions de dollars de sucre et près de 250 millions de dollars d’huile comestible pour couvrir les besoins de sa population. Le gouvernement veut réduire à zéro ces chiffres dans les trois années à venir. Un plan associant des mesures à court et long terme a été présenté aux députés.
En finir avec la dépendance de l’offre étrangère pour combler ses besoins en sucre et en huile alimentaire d’ici 2025, tel est le mot d’ordre en Tanzanie, où le gouvernement a présenté, lundi, son plan devant le Parlement. Porté par le ministre de l’Agriculture Hussein Bashe et le ministre de l’Investissement, de l’Industrie et du Commerce Ashatu Kijaji, ce plan prévoit des mesures à court-terme dont la distribution subventionnée de semences de tournesol certifiées aux petits agriculteurs. Par anticipation, 3 000 tonnes de semences sont déjà distribuées et 10 000 hectares de terres à l’Ouest du pays ont été mis à la disposition d’investisseurs privés pour la culture des palmiers à huile.
Doper la production et industrialiser
Deuxième source de richesse économique après le secteur des services (37,5%) en Tanzanie, l’agriculture représente 30% du PIB et devrait monter à 50% selon un ambitieux plan gouvernemental. Le pays ne cultive que 25% de ses 44 millions m2 de terres arables, ce qui lui laisse encore un fort potentiel non exploité. L’objectif pour Dodoma est de doper la production nationale, le sucre et l’huile comestible étant des produits fortement consommés. En effet, la Tanzanie produit environ 439 000 tonnes de sucre par an, face à une demande nationale de 710 000 tonnes, selon Tanzania Invest. Ici, les cargaisons de sucre arrivent principalement de l’Inde, des Emirats arabes unis, d’Arabie Saoudite, du Brésil et de l’Ouganda voisin. Chaque année, la facture des 371 000 tonnes de sucre importées tourne autour des 100 millions de dollars.
Pour ce qui est de l’huile alimentaire, le pays de Samia Suluhu Hassan en produit annuellement 250 000 tonnes, quand les besoins de sa population atteignent 570 000 tonnes. Pour y répondre, le pays importe donc environ 320 000 tonnes chaque année, pour près de 250 millions de dollars, majoritairement de Malaisie mais aussi de Turquie.
Sur le cours terme également, le plan gouvernemental intègre des mesures visant à créer un environnement plus favorable aux investissements dans la culture et la transformation industrielle locale du sucre et de l’huile comestible, selon les explications à la presse du ministre de l’Agriculture. Cela débouchera à long terme sur des incitations fiscales au bénéfice des gros investisseurs qui miseront notamment dans les plantations de palmiers à huile.
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, l’inflation bat son plein. Les prix des produits de base dont l’huile alimentaire ont flambé, menaçant non seulement le panier de la ménagère, mais mettant aussi sous pression financière les pays dépendant des importations. Alors que leaders et experts à travers le continent ont tous appelé à une augmentation de la production agricole et alimentaire, la Tanzanie pourrait-elle inspirer d’autres pays du continent à accélérer leur stratégie d’autosuffisance alimentaire ?