Le FMI et la Banque mondiale envisagent la « reconstruction » de l’Ukraine

Le président Volodimir Zelensky a déclaré ce 17 avril s’être entretenu avec la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva, au sujet de la stabilité financière de l’Ukraine et de la reconstruction du pays après la guerre. Le ministre des Finances et le patron de la banque centrale ukrainienne seront reçus jeudi prochain à Washington par le FMI et la Banque mondiale, alors que les dommages liés à la guerre contre la Russie sont énormes.

Combien va coûter la reconstruction de l’Ukraine ? Si c’est encore difficile à dire aujourd’hui – sans doute plus de 100 milliards de dollars – le chantier s’annonce énorme. Alors que de nombreuses infrastructures sont détruites sous le fracas des bombes et de l’artillerie russes, et que l’économie du pays s’est transformée en industrie de guerre, les institutions internationales estiment que les conséquences sont et seront déjà terribles pour le peuple ukrainien : jusqu’à 18 ans de développement pourraient être effacés, estimait l’ONU, dans un bilan mi-mars.

« Le scénario le plus extrême est évidemment une implosion de l’économie », a expliqué ce mercredi 16 mars Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement, affilié à l’ONU. « Nous estimons que jusqu’à 18 ans de progrès en matière de développement pourraient être effacés en 12 à 18 mois en Ukraine », s’alarme Achim Steiner. Et le 10 avril, la Banque mondiale a annoncé un effondrement catastrophique, prévoyant que le PIB de l’Ukraine plongerait de 45,1% en 2022.

Réunion jeudi prochain à Washington

Dans ce contexte, l’Ukraine consulte les institutions internationales. Le président Volodimir Zelensky a déclaré ce 17 avril s’être entretenu avec la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva, au sujet de la stabilité financière de l’Ukraine et de la reconstruction du pays après la guerre.

« J’ai discuté avec la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva de la question de la stabilité financière de l’Ukraine et des préparatifs de la reconstruction d’après-guerre », a déclaré Volodimir Zelensky sur son compte Twitter. « Nous avons des plans clairs pour le moment, ainsi qu’une vision des perspectives. Je suis sûr que la coopération entre le FMI et l’Ukraine continuera d’être fructueuse », a-t-il ajouté.

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Le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, a déclaré précédemment qu’il assisterait aux réunions du FMI et de la Banque mondiale à Washington cette semaine et qu’il chercherait à obtenir davantage d’aide financière pour l’Ukraine. Il sera accompagné du ministre des Finances, Serhiy Martchenko, et du gouverneur de la banque centrale, Kyrylo Chevtchenko. Ils devraient s’entretenir avec, entre autres, des responsables financiers des pays du G7 et participer jeudi à une table ronde sur l’Ukraine organisée par la Banque mondiale.

« Sans soutien maintenant, il n’y aura pas de reconstruction à l’avenir »

Cet événement sera la première occasion pour les responsables ukrainiens de rencontrer en personne un grand nombre de responsables financiers des économies avancées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.

Les retombées du conflit en Ukraine devraient dominer les réunions des hauts responsables des pays membres de la Banque mondiale et du FMI, ainsi que du G7 et du G20, la semaine prochaine, le FMI s’apprêtant à revoir à la baisse ses prévisions de croissance mondiale en raison de la guerre.

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La réunion de jeudi s’apparentera davantage une table ronde qu’à une conférence de donateurs, bien que le FMI et la Banque mondiale aient ouvert des comptes séparés pour pouvoir traiter et relayer les dons, et que de nouvelles promesses de dons doivent être annoncées la semaine prochaine.

Elle donnera également aux responsables l’occasion de discuter de la dévastation de l’Ukraine et des conséquences économiques de la guerre, ainsi que du fonctionnement continu du secteur bancaire et financier ukrainien. « Sans soutien maintenant, il n’y aura pas de reconstruction à l’avenir », a déclaré l’une des sources à Reuters.

Le 9 avril dernier en Pologne, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyenpour assistait à la conférence des donateurs de la collecte de fonds internationale « Agir pour l’Ukraine » (« Stand up for Ukraine ») lancée le 25 mars. Elle a ainsi annoncé que 10,1 milliards d’euros de promesses de dons avaient été enregistrées afin de soutenir les Ukrainiens réfugiés ou déplacés dans leur pays suite à l’invasion de l’armée russe.

Plus précisément, 4,1 milliards d’euros de dons ont été promis par des gouvernements, des entreprises et des particuliers. Ils seront distribués en grande partie par les autorités ukrainiennes ou les Nations unies. Les 5 milliards d’euros restants sont des prêts et des subventions accordés par les institutions financières de l’Union européenne. Ils se décomposent entre un programme de 4 milliards d’euros destiné à fournir un logement, une éducation et des soins de santé aux Ukrainiens réfugiés dans les pays de l’Union, et le programme d’un milliard d’euros lancé avec la BERD pour les populations déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.

Utiliser les avoirs russes gelés pour reconstruire l’Ukraine ?

Les fonds seront répartis à hauteur de 1,8 milliard d’euros pour soutenir les personnes déplacées, dont le nombre est estimé à 7,1 millions par l’ONU. Et à hauteur de 7,3 milliards d’euros pour les réfugiés. Plus de 4,3 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début l’invasion le 24 février, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Dans une interview accordée mi-mars à la BBC, le chef de la banque centrale ukrainienne, Kyrylo Shevchenko, a déclaré que les avoirs russes gelés dans des pays étrangers, à la suite de sanctions, devraient être utilisés pour aider à reconstruire le pays. « Le besoin d’argent sera énorme », a-t-il déclaré à la BBC. « Il pourrait être rempli grâce à des prêts et des subventions d’organisations multinationales et à une aide directe d’autres pays. Cependant, une grande partie du financement doit être obtenue à titre de réparation de l’agresseur, y compris des fonds qui sont actuellement gelés dans nos pays alliés ».

Source TE

Challenges Radio

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