Prix à la pompe : Bruno Le Maire demande à Total Energies de prolonger son geste

Total Energies avait déjà annoncé fin août maintenir jusqu’à la fin de l’année un plafonnement des prix du carburant dans ses stations sous les 1,99 euro le litre. Face à la nouvelle envolée des cours du pétrole, le ministre de l’Économie a incité le groupe à maintenir cet effort au-delà. Il a, en outre, exclu l’idée d’une nouvelle ristourne, affirmant ne pas vouloir se lancer « des comptes d’apothicaire » avec Xavier Bertrand qui réclame une ristourne de 15 à 20 centimes « pour tous » sur le litre d’essence. 

Le plafonnement à la pompe déjà maintenu jusqu’à la fin de l’année

Le 28 août dernier, le groupe avait, en effet, déjà annoncé préserver le portefeuille des conducteurs pour la rentrée avec le maintien des prix de l’essence et du diesel sous la barre des 1,99 euro le litre dans ses stations. Ce plafond s’applique « dans l’ensemble de ses 3.400 stations-service jusqu’à la fin de l’année », avait-il alors précisé. Une échéance que le Bruno Le Maire souhaite voir donc encore une nouvelle fois reculée.

« TotalEnergies est le seul grand pétrolier français qui nous reste, ça doit être un atout pour tous les automobilistes », a insisté le ministre ce jeudi, avant d’exprimer sa « confiance » dans le fait que le patron de l’énergéticien, Patrick Pouyanné, « prenne en considération les difficultés de nos compatriotes ».

Une réunion avec l’énergéticien a eu lieu mercredi au ministère de la Transition énergétique pour « faire le point sur le prix du carburant et évoquer une prolongation du plafonnement à 1,99 euro au-delà du 1er janvier 2024 », a indiqué à l’AFP l’entourage de la ministre Agnès Pannier-Runacher. De « nouveaux échanges » sont prévus ce jeudi et dans les prochains jours avec TotalEnergies et « d’autres représentants de la filière », ajoute-t-on de même source.

Vers un prix du baril à 100 dollars

Et pour cause, les prix de l’or noir se sont installés au-dessus des 88 dollars pour le baril de Brent qui a même atteint plus de 90 dollars le 5 septembre dernier. Et ce, en raison de la décision de l’Arabie saoudite d’étendre jusqu’à la fin de l’année la réduction d’un million de barils par jour de son offre qu’elle applique depuis juillet. Moscou va appliquer également une baisse de son offre de 300.000 barils par jour jusqu’à fin décembre dès ce mois-ci.

Une situation qui pourrait durer, car l’Arabie saoudite ne veut plus se contenter d’un baril à 80 dollars, qui selon le Fonds monétaire international (FMI) est le cours permettant d’équilibrer le budget public. Riyad vise désormais les 100 dollars, en raison de l’inflation mondiale et des besoins de financement des coûteux projets du prince héritier.

Pour Moscou, le niveau des cours est encore plus vital pour pouvoir financer son effort de guerre en Ukraine. Ses revenus générés par le pétrole et le gaz ont baissé de 38,1% sur les huit premiers mois de l’année, comparé à la même période de 2022, selon les données du ministère des Finances russe, citées par l’agence Reuters.

Pas de nouvelle ristourne carburant

Si le gouvernement entend mettre TotalEnergies à contribution, il écarte en revanche toute nouvelle ristourne généralisée sur les prix des carburants, après avoir déjà recouru à cette solution en 2022. Bruno Le Maire a ainsi expliqué, ce jeudi sur franceinfo, voir dans cette mesure une « triple aberration: écologique, budgétaire et diplomatique ».

« Deux pays, l’Arabie Saoudite et la Russie, ont décidé de réduire leur production, ça a évidemment un impact sur le prix » en restreignant l’offre mondiale, a-t-il reconnu, estimant que, dans ces conditions, une nouvelle ristourne gouvernementale reviendrait à « payer la diplomatie pétrolière de M. (Vladimir) Poutine et de l’Arabie Saoudite ».

Bruno Le Maire ne veut pas se lancer dans « des comptes d’apothicaire » avec Xavier Bertrand

Enfin, le ministre a refusé de se lancer dans « des comptes d’apothicaire » avec le président (LR) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui a demandé une ristourne de 15 à 20 centimes « pour tous » sur le litre d’essence et accusé le gouvernement de gonfler exagérément le coût d’une telle mesure. « Si on fait une remise de 20 centimes sur les prix des carburants pendant un an, je confirme, cela coûte 12 milliards d’euros », a répliqué Bruno Le Maire.

Un chiffre déjà avancé par l’exécutif pour contester les bienfaits de la mesure voulue par Xavier Bertrand, mais que ce dernier balaie d’un revers de la main. La veille, il a en effet qualifié de « bobards » les arguments avancés par le locataire de Bercy. « C’est à se demander si ceux qui nous gouvernent savent compter », s’est-il emporté sur France Bleu, après le rejet de sa proposition.

Le président des Hauts-de-France s’est étonné que la ristourne de 30 centimes mise en place l’an dernier ayant « coûté 8 milliards d’euros au budget de l’Etat », sa proposition moitié moins élevée de 15 centimes puisse « augmenter le coût de 50% ».

« Mais ils se moquent de qui là ? S’ils n’ont pas envie de le faire qu’ils l’assument, mais qu’ils ne nous racontent pas des bobards », a affirmé Xavier Bertrand, sans citer nommément le ministre, assurant que le « rôle du gouvernement est de trouver des solutions pour le drame du pouvoir d’achat ».

Le sujet est d’autant plus brûlant que les prix à la pompe se situent actuellement autour de 2 euros le litre, faisant craindre que cette flambée des tarifs soit, à nouveau, l’élément déclencheur d’une crise sociale à l’instar de celle des Gilets jaunes en 2018, lorsque les Français avaient vu le coût de leur déplacement en voiture considérablement augmenter.

(Avec AFP)

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