Rencontre entre Poutine et Xi Jinping : un air de défi lancé aux puissances occidentales

Les présidents de la Chine Xi Jinping et de la Russie Vladimir Poutine se réunissent jeudi en Ouzbékistan pour un sommet régional aux allures de front face à l’Occident, en pleines tensions exacerbées par la guerre en Ukraine. Une rencontre qui intervient alors la commission des Affaires étrangères du Sénat américain a adopté cette nuit un texte prévoyant une aide militaire directe à Taïwan de près de 4,5 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années.

Une belle illustration de la nouvelle guerre des blocs. Ce jeudi, le chef de l’Etat russe, Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping vont se rencontrer en début d’après-midi à Samarcande en Ouzbékistan, à l’occasion du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui compte, outre la Chine et la Russie, l’Inde, le Pakistan et les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale-. Un sommet aux allures de front face à l’Occident, en pleines tensions exacerbées par la guerre en Ukraine.

Sans explicitement soutenir l’intervention militaire russe, Pékin a plusieurs fois exprimé ces derniers mois son appui à Moscou, isolé en Occident. Depuis le début du conflit en Ukraine en effet, les officiels des deux pays n’ont cessé de multiplier les signes de rapprochement et d’annoncer une coopération poussée à l’avenir dans le prolongement du resserrement de leurs liens depuis l’invasion russe de la Crimée en 2014. A plusieurs reprises, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, n’a pas eu de mots assez forts pour vanter l’amitié entre les deux pays, qualifiée de « solide comme un roc », ou afficher « l’impatience de la Chine de travailler avec la Russie pour porter les relations sino-russes à un degré supérieur dans une nouvelle ère », ou encore pour prédire des perspectives de coopération future « immenses » et rappeler leur « opposition à l’hégémonie sans limite ». Pas plus tard que le mois dernier, la Chine a pris part à des manoeuvres militaires conjointes en Russie, avant d’accepter de régler ses contrats gaziers avec Moscou en roubles et en yuans. Et non plus en devises occidentales.

Toutefois, la Chine marche sur des oeufs et a jusqu’ici gardé ses distances. Xi Jinping n’a aucun intérêt à se mettre à dos les pays occidentaux et à se couper de la mondialisation dont son pays a été le principal bénéficiaire depuis vingt ans ! Une problématique similaire pour un grand nombre d’émergents.

Poutine veut accélérer le pivot de la Russie vers l’Asie

Pour Vladimir Poutine,qui s’efforce d’accélérer un pivot vers l’Asie, ce sommet est l’occasion de montrer que la Russie n’est pas isolée sur la scène mondiale.  Outre Xi Jinping, le chef du Kremlin s’entretiendra séparément jeudi avec le président iranien Ebrahim Raïssi, dont le pays veut adhérer à l’OCS, et le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, et vendredi avec le Premier ministre indien Narendra Modi et le président turc Recep Tayyip Erdogan.

De son côté, Xi Jinping pourra renforcer encore sa stature de dirigeant de premier plan avant un congrès du Parti communiste chinois en octobre lors duquel il vise un troisième mandat inédit. Leur rencontre a aussi un air de défi lancé aux Etats-Unis, qui ont pris la tête des sanctions contre Moscou et du soutien militaire à Kiev, et qui ont suscité l’ire de Pékin avec la visite de plusieurs responsables américains à Taïwan.

 Le « Taiwan Policy Act of 2022 »

Une colère chinoise qui risque de monter d’un cran avec le projet de loi américain adopté cette nuit par la commission des Affaires étrangères du Sénat prévoyant une aide militaire directe à Taïwan de près de 4,5 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. Le texte exige aussi du président américain qu’il impose des sanctions aux principales institutions financières chinoises en réponse à toute « escalade dans les actes hostiles envers Taïwan ». Le « Taiwan Policy Act of 2022 », tel qu’il est baptisé, prévoit par ailleurs d’accorder à l’île le statut d’« allié majeur hors OTAN ».

« Il s’agit de la plus importante refonte de la politique américaine à l’égard de Taïwan » depuis 1979, lorsque Washington a reconnu Pékin tout en acceptant de maintenir la capacité d’autodéfense de l’île, assurent les sénateurs Bob Menendez et Lindsey Graham, à la tête de cette initiative.

Ce vote en commission n’est que la première étape d’un long processus législatif : le texte doit désormais être adopté en séance plénière au Sénat, puis à la Chambre, avant d’être promulgué par Joe Biden. Mais il marque malgré tout un rapprochement significatif entre les Etats-Unis et Taïwan. Pour Pékin, il s’agira à coup sûr d’une nouvelle provocation américaine. Ce vote au Congrès intervient quelques jours seulement après la vente par Washington pour 1,1 milliard de dollars d’armes à Taïwan, et un peu plus d’un mois après une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui avait provoqué la fureur de Pékin. La Chine avait alors lancé les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de l’île. Avant la visite à Taïwan de Madame Pelosi, numéro trois des Etats-Unis et plus haute responsable américaine à se rendre sur l’île depuis des décennies, l’entourage de Joe Biden avait déjà discrètement fait valoir à la Chine qu’elle ne représentait pas la politique de l’administration, le Congrès étant un pouvoir distinct du gouvernement.

Par Tribune Eco

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