Carburant en France: TotalEnergies et ExxonMobil prêts à négocier avec les syndicats

Pour mettre fin à la grève qui prive les stations-essence de carburant, TotalEnergies a proposé dimanche d’avancer à octobre ses négociations annuelles sur les salaires à condition que les blocages prennent fin dans les raffineries et dépôts de carburants. De son côté, Esso-ExxonMobil compte réunir les syndicats ce lundi.

A 15h dimanche, selon le ministère de la Transition énergétique 29,7% des stations-service en France manquaient d’au moins un carburant (contre 21% samedi. C’est une sur deux en Île-de-France et, ce matin, la situation n’était pas en cours d’amélioration. Sous la double pression du gouvernement et des automobilistes, TotalEnergies a donc saisi la main tendue de la CGT en acceptant d’avancer les négociations salariales dès maintenant, et non en novembre prochain, à condition, toutefois, que les blocages prennent fin dans les raffineries et dépôts de carburants. Le groupe énergétique souligne que ces négociations ont pour objectif « de définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l’année, des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies, tout en prenant aussi en compte l’inflation de l’année 2022 ». La CGT réclame 10% d’augmentation sur les salaires – 7% pour l’inflation, 3% pour le partage de la richesse. TotalEnergies a engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022.

La CGT va « étudier de près les propositions »

« Nous allons étudier de près les propositions et nous réunir demain matin avec les différents sites pour décider de la suite du mouvement », a réagi auprès de l’AFP Eric Sellini, coordinateur CGT chez TotalEnergies, regrettant que la direction n’ait pas eu d’échange direct avec le syndicat. Samedi, le syndicat avait fait un premier pas pour négocier : dans une lettre ouverte au PDG Patrick Pouyanné, elle acceptait de mettre de côté ses revendications en matière d’embauches et d’investissements pour ouvrir des négociations uniquement portées sur les salaires dès ce lundi. De son côté, la direction d’Esso-ExxonMobil en France a annoncé dimanche soir dans un communiqué son intention de réunir lundi « les quatre organisations syndicales représentatives du personnel ». Le groupe, dont les deux raffineries en France sont à l’arrêt, se dit « convaincu que la qualité du dialogue social engagé et ininterrompu avec les organisations représentatives du personnel permettra de sortir rapidement du conflit ». Les discussions sur les salaires ont démarré chez Esso France dès le 20 septembre. La proposition pour l’instant sur la table n’a été approuvée que par la CFE-CGC.

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, s’est félicitée de l’annonce de TotalEnergies, estimant que le conflit devait « cesser ». Elle précise : « Je tiens à réaffirmer l’appel très ferme du gouvernement aux dirigeants et aux organisations syndicales de TotalEnergies et d’Esso : une issue doit être trouvée sans délai dans le cadre du dialogue social. Les Français ne doivent pas subir davantage les conséquences d’un mouvement social ».

En attendant la résolution des conflits, c’est une vraie galère pour les automobilistes qui prennent d’assaut les stations-service dont certaines doivent faire face à des consommations supplémentaires de l’ordre de 30%. De nombreux Français passent la frontière belge pour s’approvisionner, les stations-service transfrontalières enregistrant 15 à 20% de hausse de la demande, selon la fédération des négociants en combustibles et carburants.

La situation va « s’améliorer tout au long de la semaine » (Borne)

En visite en Algérie, Elisabeth Borne a assuré que la situation allait « s’améliorer tout au long de la semaine », à mesure de l’arrivée de livraisons issues notamment des « stocks stratégiques » français. Le gouvernement, qui a en effet puisé dans les réserves du pays et augmenté les importations de carburant pour faire face à la crise, a rappelé que des camions citernes avaient été autorisés à circuler tout le week-end.

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Zoom – Les parlementaires de tous horizons mettent la pression tant sur TotalEnergies que sur la CGT

La cheffe de file des députés Renaissance Aurore Bergé a déploré dimanche que la grève dans plusieurs raffineries pénalise d’abord « les Français qui bossent », appelant à mettre « la pression » à la fois sur les entreprises et syndicats pour trouver un accord. Dénonçant une « grève préventive » menée par la CGT alors que des négociations sur les salaires devaient être menées mi-novembre, la parlementaire a estimé que « la pression doit être mise des deux côtés, il est légitime que les salariés demandent à bénéficier de ces résultats exceptionnels qui ont été réalisés aussi grâce à eux ». Mais, « ce qui est inacceptable c’est que ces mêmes salariés, à la demande et à la contrainte de la CGT, fassent encore une fois des grèves préventives qui ont un impact sur les français qui travaillent ».

De son côté Jordan Bardella, candidat à la présidence du Rassemblement national, a estimé que TotalEnergies a aujourd’hui entre ses mains la possibilité de débloquer la situation : « Une entreprise qui fait des profits, c’est normal, mais là on parle de super-profits qui sont indus, décorrélés de la stratégie de l’entreprise et doivent donc aussi bénéficier à l’augmentation des salaires ». Il a toutefois averti que « la paralysie prolongée du pays pourrait avoir des des conséquences cataclysmiques ». C’est pourquoi « il ne faut exclure aucune solution » et « dans le cas extrême où nous n’arrivons pas à débloquer la situation et que TotalEnergies assume une stratégie de blocage, alors je pense qu’effectivement, il ne faut pas exclure de réquisitionner ».

Pour le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau « ça n’a que trop duré » car « un syndicat ne peut pas prendre en otage la France ».  Accusant le gouvernement « de se défausser », il lui a demandé « une réquisition pour qu’on puisse libérer la force de production de nos raffineries ».

(Avec AFP)

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