Il s’agit selon son auteur de l’une des plus grosses opérations de fusion-acquisition transfrontalières dans l’hôtellerie africaine. Kasada, spécialiste de l’investissement hôtelier sur le continent, a racheté des mains d’Accor-Invest un portefeuille de huit hôtels en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Cameroun. Objectif : contribuer à la relance et la croissance d’un secteur prometteur pour l’économie régionale.
Signes de relance dans l’hôtellerie africaine ? Conseillé par Kasada Capital Management, plateforme d’investissement dédiée à l’hôtellerie en Afrique subsaharienne, Kasada Hospitality Fund vient d’acquérir auprès d’AccorInvest un portefeuille de huit hôtels pleinement opérationnels, soit 1 602 chambres, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Cameroun, annonce la firme ce mardi 19 janvier. Si les termes du deal n’ont pas été précisés, Kasada souligne que cette transaction représente l’une des plus importantes opérations de fusion-acquisition transfrontalières dans le secteur hôtelier sur le continent.
« Contribuer à la croissance dans une région prometteuse »
« Il s’agit d’un portefeuille exceptionnel d’hôtels couvrant tous les segments du marché et qui est parfaitement aligné avec la stratégie d’investissement de Kasada », a déclaré Olivier Granet, Managing Partner et CEO de Kasada, soulignant que le groupe, à travers cette acquisition, a l’intention « de contribuer à la croissance du secteur hôtelier dans cette région prometteuse ».
Le secteur hôtelier qui a été le plus terrassé par la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 tente de renaitre de ses cendres. Et alors que les voyages internationaux restent encore limités en raison des mesures restrictives, Kasada, au travers de ces nouveaux investissements entend plutôt se positionner en faveur des voyages intra-régionaux dont les signes de reprises sont palpables récemment. « Malgré les conditions macro-économiques globales exceptionnellement difficiles, Kasada souhaite investir et soutenir le secteur hôtelier africain alors même qu’il commence à s’adapter aux nouvelles attentes du marché », a déclaré David Damiba, Managing Partner et CIO de Kasada. « En tant qu’investisseurs à long terme, ajoute Granet, nous nous engageons à mettre en œuvre de nouvelles normes ESG […] afin de garantir à ce marché une croissance durable. […] Nous pouvons avoir un impact positif en apportant des capitaux indispensables à un moment critique ».
Des marchés aux ambitions fortes
En Côte d’Ivoire où Kasada a repris le Pullman, le Novotel, l’Ibis Plateau et l’Ibis Marcory, le tourisme représente 6,5% du PIB. Mais le plan stratégique national de développement touristique baptisé « Sublime Côte d’Ivoire » vise à porter cette contribution du PIB à 8% et transformer le pays en la cinquième destination touristique africaine d’ici 2025. Plus de 12 milliards de dollars d’investissement ont déjà été mobilisés et plusieurs chantiers sont en cours. Pour la relance économique, les autorités misent sur ce secteur.
Le Sénégal voisin, où le Pullman, le Novotel et l’Ibis à Dakar passent sous le giron de la société d’investissement basée en Afrique du Sud, connait presque une tradition touristique avec une contribution de 10% au PIB. Le gouvernement est en train de prendre des mesures pour favoriser la reprise du secteur, comme demandé récemment en conseil des ministres par le président Macky Sall.
Au Cameroun, les autorités expriment récemment une certaine volonté à tirer parti de l’énorme potentiel touristique de ce pays d’Afrique centrale, même si les budgets alloués au secteur restent encore extrêmement modestes face aux ambitions affichées. Ici Kasada, s’est positionné les deux hôtels Ibis de Douala et Yaoundé.
L’Afrique francophone et les investisseurs hôteliers
Longtemps resté le parent-pauvre de l’investissement hôtelier sur le continent, l’Afrique francophone tend donc a suscité davantage l’intérêt des investisseurs, probablement grâce aux différentes mobilisations initiées peu de temps avec la Covid, avec notamment les forums réunissant le secteur dans des capitales francophones et les appels de ces pays auprès du monde financier. D’ailleurs dans un entretien avec La Tribune Afrique début 2020, Olivier Granet faisait part de la « vision très positive communément partagée par les acteurs du secteur au sujet des marchés hôteliers d’Afrique francophone ».
« Par exemple, illustrait-il, une ville comme Dakar est connue et appréciée des investisseurs hôteliers. La capitale sénégalaise représente le marché le plus performant en Afrique subsaharienne avec des taux d’occupation de l’ordre de 70%, supérieur à ce qu’on observe traditionnellement sur les autres marchés africains. Abidjan présente des ambitions fortes pour le développement du tourisme et l’attractivité de sa destination avec un plan global d’amélioration des infrastructures et de l’accueil des visiteurs ».
Par Ristel Tchounan