Les temps sont durs au pays du poulet bicyclette. 500 000 poulets morts en quelques semaines au Burkina Faso, la grippe aviaire fait des ravages. La souche H5-N1 de l’influenza aviaire touche désormais huit pays d’Afrique de l’Ouest. Un vrai problème de santé animale qui risque de mettre à mal des filières déjà touchées par la concurrence du poulet américain et européen. Au Burkina Faso, l’état et les producteurs se mobilisent. Afrique économie.
À Ziniaré, au nord-ouest de Ouagadougou, Moumouni Barro élève entre 2 000 et 3 000 poulets à l’année. Sa petite exploitation a, pour l’heure, été épargnée par la grippe aviaire. « Je prends tout ce qu’il faut comme mesures pour éviter que cela puisse arriver à ma ferme. On évite les visiteurs. L’accès est strictement limité aux employés qui travaillent ici, indique-t-il. Et, ils se protègent au maximum quand ils ont accès au poulailler. Ce sont les mesures habituelles, celles que l’on observe même en dehors de l’épizootie pour préserver l’hygiène de la volaille. »
Pour Adama Maïga, directeur général des services vétérinaires du Burkina Faso, la biosécurité est un maître-mot. Les éleveurs sont tenus de désinfecter les bâtiments, les équipements et les vêtements des employés. Mais surtout, ils doivent éviter la circulation des animaux. « Il faudra déjà qu’ils puissent nous notifier rapidement toute mortalité constatée dans leur élevage. Mais également qu’ils évitent de faire sortir les animaux malades, car plus ils les font sortir plus la maladie risque de se répandre plus loin », prévient-il.
Les contrôles inopinés dans les exploitations se multiplient, constate Moumouni Barro : « Surtout en ce moment, les services spécialisés sont à l’écoute et font des veilles. Mais ils mettent davantage l’accent sur les zones qui sont officiellement déclarées touchées par la grippe aviaire. »
« Une centaine de producteurs sont touchés par cette épizootie »
Le Burkina Faso est entouré de pays où la grippe aviaire sévit. Au total, huit pays d’Afrique de l’Ouest sont touchés à divers degrés. Aussi, Adama Maïga, le directeur général des services vétérinaires, porte une attention particulière aux importations : « Dans un premier temps, les mesures que nous avons prises, c’est de renforcer les contrôles aux frontières, de telle sorte que pour tous les produits qui entrent dans notre pays, nous puissions nous assurer qu’ils ne proviennent pas d’un endroit où il y a déjà la grippe aviaire. »
Une tâche difficile dans une sous-région où les frontières sont poreuses. Pourtant, l’urgence est là. Huit des treize régions du Burkina Faso sont touchées. « Aujourd’hui, nous devons avoir autour de cinquante foyers actifs. Une centaine de producteurs sont touchés par cette épizootie. C’est assez important », se désole Adama Maïga.
Suffisamment en tout cas pour que l’État songe à indemniser les producteurs. Ceux qui ont dû abattre leurs animaux se verront proposer une compensation financière dont le barème a été décidé en accord avec les acteurs de la filière. De même, ceux qui doivent investir dans de nouveaux cheptels pourront bénéficier d’avantages fiscaux.
Stéphane RISTOL